NANUQ
EN SUEDE – SAISON 2
Et voilà, cette année encore, nous sommes partis en Suède. Tout était prévu, planifié. Thierry et Laetitia avaient investi dans ce qui leur avait manqué l’année dernière pour lutter contre le froid (blousons, chaussures et gants). Nous avions eu un entraînement intensif et une nourriture bien riche pour être au top de notre forme. Le moral était donc au beau fixe et la motivation gonflée à bloc.
Le départ était programmé le 28 février à 6h30. Trois ou quatre jours étaient nécessaires pour monter jusqu’à Ammarnas (en faisant une halte touristique à Stockholm) où il était prévu un raid de 10 jours minimum sur une partie de la Kungsledden (trek très réputé en Suède). Puis quelques jours de repos (en fonction de notre état) et enfin un peu de tourisme à droite et à gauche ainsi que des journées en traîneau pour un retour tranquille à la maison après 1 mois de vacances.
Oui mais voilà ……
Premier coup du sort : le jour du départ, à cause d’un excès de fatigue, le départ n’ a eu lieu qu’à 10h30. L’itinéraire a donc été chamboulé en catastrophe pour rattraper le temps perdu : au lieu d’emprunter les deux ponts, nous sommes allé prendre un ferry. Cela nous a coûté plus cher (15 euros de plus environ) mais nous avons fait 200 km de moins en voiture et Thierry a pu se reposer pendant une heure. Quant à nous, c’était notre première expérience en bateau, c’est un peu perturbant quand on n'est pas prévenu mais bon … ça s’est bien passé. Finalement, ce qui semblait être un « loupage » s’est avéré assez positif.
Le passage à la douane s’est passé sans anicroche, les formalités administratives étant maintenant devenues de la routine.
Après une rapide visite de Stockholm, nous nous sommes donc dirigés vers Ammarnas sans retard sur le planning. Et là, deuxième coup du sort : Laetitia a commencé une gastro-entérite assez corsée. Impossible de partir en raid dans ces conditions : elle n’arrivait pas à avaler quoi que ce soit (ou le peu qu’elle ingurgitait repartait aussi sec !!!), elle était vasouille tout le temps, ne pouvait pas faire plus de trois pas et ça a duré une semaine. Imaginez la déception de tout le monde. Alors nous avons fait du tourisme : nous sommes allés là où nous n’étions pas allés l’année dernière, nous avons fait du repérage de pistes pour de futurs raids (pour ce séjour ou l’année prochaine) et fait du traîneau à la journée avec Thierry (parfois Laetitia nous attendait au chaud en essayant de se requinquer et parfois elle nous accompagnait, au chaud au fond du sac à chien).
Au bout de 10 jours, une fois notre musheuse remise sur pied, il a été décidé de partir en raid un peu plus au nord que ce que nous avions prévu, à Kvikkjokk (on a trouvé un seul autre nom avec autant de « K » mais plus de « O » c’est Jokkmokk !) car un soleil persistant et des températures proches de 0°c rendaient l’enneigement incertain à Ammarnas. Nous sommes poursuivis par la malchance !!!!
Donc, le jour décidé pour partir, réveil à l’aube pour préparer le traîneau à l’aide d’une liste (établie grâce à notre expérience de l’année dernière), ce qui permet de ne rien oublier et permet de gagner du temps. Puis, une fois le traîneau chargé, Laetitia s’est occupée de nos papattes : elle a appliqué sur les coussinets un mélange de graisse à traire et de goudron de Norvège (ça sent franchement mauvais et ça a un goût, je vous raconte pas …) pour éviter les gerçures et les rendre plus durs.
Et nous voilà partis. Au début j’ai bien cru que nous n’arriverions pas, à nous quatre, à tirer ce fichu traîneau (il faisait quand même 180 kg plus les 2 mushers). Mais finalement, une fois le traîneau décollé, nous allions notre petit bonhomme de chemin à une vitesse de 7 km/h. C’est peut-être pas très rapide mais c’est mieux que l’année dernière, comme quoi, l’entraînement, ça paye !! Au bout de 15 km, nous nous sommes arrêtés pour monter le campement car la nuit tombe vite en mars.
Le lendemain, réveil tôt pour tout recharger et repartir. Au bout de 2 km, force est de constater qu’il vaut mieux faire demi-tour. En raison des conditions météo des jours précédents, la neige fond presque à vue d’œil, la terre et les cailloux apparaissent par endroits. On pourrait continuer et aller voir si la neige est meilleure plus loin mais si, au retour, il n’y en a plus du tout, comment ferons-nous ? Il vaut donc mieux rentrer. Sur le chemin du retour, Thierry, en rigolant (jaune) fait remarquer qu’il ne manque plus que la pluie eh bien, devinez quoi, une demi-heure plus tard, il se met à pleuvoir !!! Oh, pas bien fort, mais suffisamment pour faire fondre le peu de neige qui reste.
Cela commence à faire beaucoup de choses qui ne se passent pas comme prévues depuis le début des vacances : on est vraiment poursuivi par la malchance cette année !!
Très inquiets, nos deux mushers se renseignent dans un Turistbyra (sorte d’office du tourisme, présents dans chaque ville et toujours faciles à trouver) sur les conditions météo à venir. C’est l’horreur totale : le printemps a un mois d’avance. Très gentiment, la charmante hôtesse appelle ses confrères et après moult échanges téléphoniques nous informe qu’à Kiruna, nous trouverons encore de la neige. Nous décidons donc de nous y rendre.
Et nous voilà condamnés, nous qui rêvions d’exploits, de grands raids (à notre échelle) à faire du traîneau à la journée sur des pistes de motoneige.
Mais ce qui est bien, c’est qu’il y en a tellement que nous n’avons jamais fait de traîneau 2 fois de suite sur la même piste. Et les paysages sont tellement enchanteurs que nous oublions vite toutes nos déceptions. Et puis il y a eu le jour où nous avons fait 60 km dans la journée (notre record), le jour où nos mushers se sont mis tous les deux dans le basket, celui où nous avons battu notre record de … lenteur, celui où nous avons remonté une rivière (pas toujours très rassurant quand vous entendez « craac »), celui où nous nous sommes retrouvés dans une forêt de bouleaux (ils sont tout rabougris dans le nord) et puis il y a aussi celui où tout le monde a « pété » les plombs et où cela a fini en pugilat généra (Thierry et Laetitia compris !!). Bref des expériences que nous n’aurions pas eues si tout s’était déroulé comme prévu.
Et finalement, malgré tous les coups du sort, nous rentrons bien contents de nos vacances et la tête remplie d’images inoubliables.
ps: nous n’oublierons plus que l’improvisation peut aussi faire partie du charme des vacances et l’année prochaine, nous partiront plus tôt (en février) et avec Tiny et Toundra nos deux nouvelles amies groenlandaises